L’histoire de la Pelée va être entièrement reconstituée


Source : France Antilles du Mercredi 4 février 2014

Une équipe internationale de scientifiques a foré en profondeur au large des Antilles. Grâce aux deux kilomètres de carottes prélevés, elle va pouvoir remonter le temps sur plusieurs centaines de milliers d’années…

Description des carottes (nature des sédiments, granulométrie, variation de couleur, de texture…) dans le laboratoire de sédimentologie du navire Joides Resolution.

Description des carottes (nature des sédiments, granulométrie, variation de couleur, de texture…) dans le laboratoire de sédimentologie du navire Joides Resolution.

À chaque éruption volcanique, d’énormes nuages de cendres se dégagent. Les cendres sont ensuite emportées par les vents dominants.
Puis elles retombent, à terre et en mer. À terre, la végétation les recouvre, elles sont érodées, elles disparaissent en partie. En mer, par contre, elles se retrouvent complètement piégées par les sédiments marins. Il suffit donc de creuser profondément en mer pour reconstituer l’histoire des volcans des Petites Antilles.
Une équipe de scientifiques de 8 nationalités s’est attelée à ce travail. En 2012, 33 scientifiques* sont partis de Porto Rico pour se rendre à Curaçao, en passant au large des Petites Antilles, côté
Caraïbe. L’expédition se nomme Expedition IODP 340. L’un des chefs de cette mission est Anne Le Friant, chercheuse au CNRS, affectée à l’Institut de physique du globe de Paris

Rangement et classement des carottes prélevées sur le navire Joides Resolution lors de la mission IODP 340. (Photos IODP 340)

Rangement et classement des carottes prélevées sur le navire Joides Resolution lors de la mission IODP 340. (Photos IODP 340)

JUSQU’À 430 MÈTRES DE PROFONDEUR
« Il n’existe que deux bateaux au monde capables de réaliser ce type de forage, dont celui que nous avons utilisé », raconte-t-elle. Le Joides Resolution, ce bateau américain, est équipé d’une tour de
forage de 60 mètres de haut.
« Nous avons effectué neuf forages, à une distance située entre 10 km et 78 km des côtes. » Les fonds océaniques ont ainsi été forés jusqu’à 430 mètres de profondeur. Au total, les scientifiques
ont à leur disposition deux kilomètres de carottes, de 8 centimètres de diamètres. Avec ces cendres et ces sédiments, ils vont remonter, par exemple, l’histoire éruptive de Montserrat jusqu’à plus de quatre millions d’années, c’est-à-dire sur une période deux fois plus longue qu’avec les études menées à terre. Concernant la Martinique, les scientifiques vont pouvoir reconstituer les épisodes
éruptifs du dernier million d’années, la montagne Pelée étant elle mêmeâgée d’environ 400 000 ans.
Actuellement, les carottes sont stockées aux États-Unis, pour des raisons géographiques. Dans les différents pays qui ont pris part à l’expédition, les chercheurs ont commencé à publier des résultats pour l’instant plutôt pointus. Ils en ont pour plusieurs années de travail.

La terre tremble trois fois par jour

Un nombre important de tremblements de terre a été enregistré en 2014, une augmentation en partie due à l’accroissement du nombre de stations dans la zone.

Le séisme du 18 février a marqué l'année 2014. Il a été largement ressenti.

Le séisme du 18 février a marqué l’année 2014. Il a été largement ressenti.

1 145 séismes ont été enregistrés par l’Observatoire volcanologique et sismologique de Martinique (OVSM) en 2014. C’est-à-dire qu’en moyenne, la terre a tremblé trois fois par jour sous nos pieds, si l’on se limite à une zone située entre Grenade et Montserrat. Ce nombre semble bien plus important que les années précédentes.
Pour prendre quelques exemples, il était de 860 en 2013, 381 en 2010, 552 en 2006. Y aurait-il un regain d’activité ? « En fait, nous avons plus de stations que par le passé », explique Jean-Marie
Saurel, technicien à l’OVSM.

« Grâce au programme Tsuareg*, quatre stations ont été rénovées en Martinique, quatre ont été ajoutées dans les îles de Carriacou, Sainte-Lucie, Dominique et Antigua.
Nous recevons aussi mieux les informations des îles voisines. »
12 SÉISMES RESSENTIS
Toutefois, l’année 2014 a été remarquable par le nombre de séismes ressentis. En effet, entre 2006 et 2014, neuf séismes par an étaient ressentis en moyenne, avec des années basses (5) et des années hautes (11). L’année passée, douze séismes ont été perçus par la population, avec une intensité située entre II (pour neuf d’entre eux) à IV. Il faut remonter à 2011 pour retrouver
le dernier séisme ressenti d’intensité IV. À titre de comparaison, celui du 29 novembre 2007 a été classé en intensité VI.
Une nuance peut toutefois être apportée à ces statistiques. Car, tout comme le nombre de stations a augmenté, le nombre de personnes qui témoignent augmente d’année en année. « Il y a notamment beaucoup de communication autour du site franceseisme.fr », ajoute Jean-Marie Saurel.
Deux applications pour smartphone permettent aussi de témoigner après un séisme : Sismocom (qui correspond au site internet franceseisme.fr) et Lastquake

C. Everard
*auxquels il faut ajouter 24 membres techniques et 41 membres d’équipage. France,Japon,USA,Royaume-Uni, Allemagne,Nouvelle-Zélande,Inde,Chine.

** un programme Interreg dont l’objectif était de structurer et coordonner la mise en place du système de détection instrumentale et de transmission d’alerte aux tsunamis dans l’arc des Antilles.