Vos voisins vous sauveront peut-être la vie…


Source de cet article: France Antilles Martinique

PREVENTION. Dorival au Lorrain et Morne Acajou au François : voilà deux quartiers bien décidés à être prêts pour le jour J.
Ce jour où la terre tremblera trop fort. Ou bien celui où le cyclone se montrera bien plus violent que prévu. Ou encore celui où les terrains se mettront à glisser sans avertir.
Rencontre au Lorrain avec des bénévoles extraordinaires qui ont compris que leur mobilisation était vitale.

 

Françoise et Léonard Meslien font partie des habitants du quartier Dorival qui font de la prévention.

Françoise et Léonard Meslien font partie des habitants du quartier Dorival qui font de la prévention.

 

Comme dans nombre de quartiers, les habitants de Dorival, au Lorrain, préparent la Fête des voisins. Demain, ils ont une réunion tous ensemble. Ces voisins-là sont hors norme. En effet, lors cette rencontre, ils ne vont pas parler seulement boissons et petits fours, mais aussi défibrillateurs, citernes et kits de survie ! Ce joli quartier qui monte dans les hauteurs veut devenir exemplaire sur la prévention aux risques majeurs. Un quartierpilote. Lors des journées Replik du mois de novembre 2014, dix-neuf foyers se sont vus décerner un diplôme d’ambassadeur de la prévention, remis des mains d’Albéric Marcelin, le président de l’Université populaire de la prévention, et de représentants de l’Etat et de la mairie. « Des kits d’urgence ont été distribués aux habitants présents », racontent Léonard et Françoise Meslien, un couple d’habitants très actifs. Sur une table devant eux, ils déploient ce qui compose leur propre kit. « Rations alimentaires, sifflet, antidouleurs, carte de groupe sanguin, carte d’identité, et surtout une ordonnance », détaille Françoise. Ils possèdent aussi des cordes, des bâches, des lampes à dynamo et des tablettes de purification d’eau. « Prochaine étape : acquérir un défibrillateur pour le quartier ». Cet appareil, destiné à choquer un cœur en arrêt, coûte au moins 2 500 euros. « Il faudra voir qui est à même de l’utiliser et le stocker dans le quartier », ajoute Léonard. Par ailleurs, les habitants ont réfléchi à un lieu de rassemblement en cas de séisme. Ils ont aussi l’intention de remettre les sources du quartier au goût du jour, au cas où l’eau ne coulerait plus au robinet. Tous sont d’ailleurs encouragés à installer une citerne. Les Meslien en possèdent déjà deux, bientôt trois.

 

RÉPERTORIER LES COMPÉTENCES DE CHACUN
« Au début, certains voisins ne voulaient pas trop évoquer le risque de séisme, mais nous avons organisé des réunions. » Alberic Marcelin est intervenu lors de l’une de ces réunions, rendant la catastrophe plus palpable que théorique… Une des premières missions auxquelles se sont attelés les habitants fut de répertorier les compétences présentes dans le quartier : trois infirmières dont une à la retraite, un sapeurpompier, un préparateur en pharmacie à la retraite, un électricien, notamment. Les enseignants, dont font partie les Meslien, pourraient aussi avoir leur rôle à jouer, en cas de catastrophe majeure, car il faudrait rescolariser les enfants au plus vite. Michel Thalmensy fait partie des illustres voisins du quartier. Il est moniteur national de secourisme. Maire de la commune durant 33 ans, il reconnaît qu’avant, « on vivait plutôt au jour le jour. Nous n’étions pas tellement sur nos gardes. L’initiative est excellente ». Daniel Pelti, autre voisin, a commencé à « sécuriser le mobilier : une armoire haute et une bibliothèque ». « J’ai aussi placé des réserves d’eau dans chaque pièce », précise-t-il. Travailleur social à la retraite, il aimerait que des formations aux premiers secours soient organisées. Claude Jean-Olive, lui, se demande comment les habitants vont vraiment réagir lors des secousses. « C’est pour cela qu’il faut organiser des exercices en collaboration avec la mairie », lui rétorque gentiment Léonard Meslien. Le fils de Claude, qui a 23 ans, a appris « des choses vraiment différentes qu’à l’école ». « J’ai compris qu’il fallait mettre en évidence son groupe sanguin, dans son portefeuille par exemple, ainsi que les personnes à contacter en cas d’urgence sur son téléphone portable », fait valoir Manuel. « C’est un quartier où nous sommes naturellement solidaires », conclut Léonard Meslien. Une solidarité qui, au-delà des simples koudmen habituels, pourrait s’avérer essentielle.

 
C.Everard